jeudi 21 janvier 2010



Il était une fois

Une petite maison mitoyenne
(en bleu, côté A, en jaune, côté B.)



sise au milieu d'un vaste projet d'ensemble immobilier... (en jaune)!


Et c'est la naissance....
... de la tragédie !


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Mais prenons l'histoire au début...

Au commencement,

il y a Maguy, une femme du village
partie depuis longtemps



Et Cléopâtre, immigrée, qui sua sang et eau
pour que ses enfants obtiennent
la respectabilité bourgeoise.
Voisines, cela arrive dans un village.
Le résultat, le voici.

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LE DESSOUS DES CARTES :

COURTELINE ET MACHIAVEL

version Microcosmos


Résumé des épisodes précédents

Revenue dans son village natal à la mort de son père, Maguy se voit exiger de l’équipe municipale… 4000 € (!) : la consommation d’eau de 7 ans d’une locataire sienne insolvable dont le compteur n’avait jamais été relevé tout le temps qu’elle avait occupé les lieux (incompétence ? copinage ? Qui sait ? On peut imaginer un scénar, une bluette par exemple et... et ??) Premier mystère, 1er épisode donc.


L'ex locataire, Léa, personnage romanesque, jolie mère "célibataire"... de huit enfants !

vivant au jour le jour, a disparu, enfin presque.


4000 Euros! Maguy proteste, fortement. C'est les élections. Durant la campagne électorale, Eni, le candidat de gauche, déjà membre (dans l'opposition) de l'ancienne équipe ...


s’insurge avec elle contre ceux qui ont si mal géré les finances du village et qui à présent cherchent par tous les moyens à se renflouer: Maguy arrive à point, prête à être plumée.


Qui tire les ficelles de ce monde politique d'hommes, clos ?
Second mystère.

C'est plus compliqué qu'il ne semble vu du pont, beaucoup plus.


FIN DU PREMIER ACTE

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Deuxième acte


Par ailleurs, la maison mitoyenne de Maguy de de C., (fils de Cléopâtre) s’abat par les soins de Milou le père d'Eni (!)


dit Milou le Magnifique...

qui a démoli à l’arrache celle d'à côté dans l'intention de faire un ensemble immobilier

Acte 3.

Maguy serre les dents pour ne pas plomber Eni. Pourvu que le mur tienne ! Il tint. Eni est élu : 65 ans qu’elle et d'autres attendaient un renouveau, la "gauche" (ou ce qui en tient lieu).


Las, il ne se passe rien : le mur s’écarte de plus en plus, Eni se défausse...


Milou atermoie, il va reconstruire d'ici 1 mois, 2 mois, 3, incessamment sous peu, sous peu, sous p… et puis finalement...


Coup de théâtre! Non, il n'en fera rien : ce mur ne lui appartient plus... puisqu'il ne soutient plus rien pour lui -forcément!-... Il n'est donc plus mitoyen. Et toc ! A Maguy et à C. de se débrouiller avec leur bâtisse qui s'effondre. Les élections sont passées.

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Acte IV

Là, ça va très vite.

Maguy engage (avec C. désespéré) et gagne aussitôt un procès... il était temps


juste avant le jugement, ses trois planchers se sont abattus. Elle et son fils risquaient leur vie . C’est un gros entrepreneur dit le King (copain-de-Milou, ce qui "corse" les choses) qui va se charger des travaux, aux frais de Milou. Ouf.


Mais sans maître d’œuvre malgré ce que dit le jugement : il sait ce qu’il a à faire et n’aime pas qu’on "l’emmerde" ! Un héros de roman populaire, patron paternaliste aimable, gueulard et généreux, mixte du meilleur et du ... reste.

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Acte V

SECOND COUP DE THEATRE

Le compte bancaire de Maguy est bloqué par un prélèvement du Trésor Public pour la facture d’eau qui avait tant fait jaser/rire les candidats de "gauche" autrefois.


Son compte sera par la suite prélevé régulièrement tous les mois. Elle n’a toujours pas l’eau et à ce rythme l’aura dans 5 ans. Dans le village, les édiles aiment les artistes, les écrivains... mais juste ce qu'il faut.

Elle décide tout de même, dans le lieu restauré, de faire une galerie-salle de réunion-bibliothèque, une gageure : le quartier s’égaie, la maison en déshérence poignante de tristesse devient pimpante…


Reste l’eau ! Las, rien ne peut faire bouger les choses : elle va à la fontaine, heureusement toute proche...


comme au Kurdistan, mais sans les snipers !

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KAFKA A PRESENT

Elle retourne à la Mairie

où on la renvoie comme une balle.

Les anciens

sont remplacés par des nouveaux, plus rock
and roll, mais pas au courant... pas du tout !

D'après Jean Larrivé, prix de Rome 1904

Est-elle sûre de ne pas avoir laissé un robinet ouvert ? Ca va vite vous savez... Et elle est partie quand votre locataire ? On n'a plus trace du document. Mais on a un relevé postérieur avec une forte consommation. C'est sur l'ordinateur.

AUTREMENT DIT ON SE PAIE SA TETE


Enée, fuyant Troie en flammes, portant son père Anchise sur les épaules.


Ses anciens amis élus feignent de ne rien savoir.


Il y a tant à faire avec les bourdes des précédents, on peut pas être partout !


En désespoir de cause, Maguy projette alors une grève de la faim, distribue des tracts… que notre héros (C, son copro) lit avec intérêt. Dans son idée sommaire, mieux vaut être du bon côté du manche que du mauvais... Ce procès gagné l'inquiète : ça craint, ça craint...

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ROMAN NOIR A PRESENT

ça craint même

énormément !


Il lui faut se glisser sous le vent : "On était avec vous avant, à présent c'est l'inverse, c'est comme ça dans la vie, chacun pour soi..." Ca existe.

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Acte VI

Et c'est alors que, troisième coup de théâtre : il l’attaque en justice ! Seul ? Non, il le dit lui-même. Prudent et économe, il lui avait déjà laissé le soin de porter seule la charge contre Milou... Et le voilà à présent qui l’assigne en référé...


pour des livres !


une fresque, dans le couloir


et une échelle qui fait tomber son voûtain, non, ce n’est pas un gag.

Et c’est le 3ème acte, burlesque...


Car, il l'avoue lui même, il a démoli une surface porteuse… donc mitoyenne (mais ça il l’ignore)...


et à présent le voûtain au dessus sur lequel s'appuie l'échelle est "limite de tomber", ce qui le fonde à exiger son enlèvement car elle est dangereuse (!)... et du reste inutile puisque lui ne va jamais dans ses combles ! Des combles où Maguy a chambre et atelier mais ça ne lui fait ni chaud ni froid…


Et il brandit une lettre d'Eni censée l’incriminer pour la mosaïque faite avec des débris de la maison, pas dans le style du village. (Ca, peut-être.) Observons qu’il n’y est pas fait mention des bidons d’eau devant sa porte, on se demande pourquoi…


BILAN

1° : le compte de Maguy est toujours prélevé depuis le procès (!) et elle n’a toujours pas l’eau

2° : C., qu'elle a tiré de l’ornière [il a obtenu des dédommagements, la réfaction d’un plancher non prévue ] se retourne contre elle armé (petitement certes) par Eni-fils-de-Milou : tout baigne.


Qui tire les ficelles ? Est-ce le hasard ? Malgré toute sa complaisance durant le chantier, tant envers Maguy [on ne tire pas sur le cheval qui vous tracte] qu’envers le King, C craint : ce cheval qui l’a tiré et qui pour cela est à présent harcelé, il se dit maintenant qu’il est plus profitable de le manger (accommodé par l'ex partie adverse) par que le voir brouter à l’écurie.

Quant à Eni, s'il n’est pas directement responsable des actes de Milou, cette facture d’eau exhumée à point nommé est... troublante.


Machiavel après Courteline. Il faut trouver quelque chose. Et quand on cherche, on trouve : la fresque, l'échelle, les livres, un local, on fait avec ce qu'on a. On se ridiculise ? oui, mais c’est l’autre qui prend la lumière. La politique, un art délicat.


"Is fecit, cui prodest" (celui qui agit est celui qui tire profit), sagesse latine. Or, pour C., ce référé burlesque lui a coûté et a surtout pointé la démolition par lui d’une surface porteuse dont personne n’avait mesuré les conséquences avant qu’il ne les souligne lui-même.


Fatiguer la bête ? Cela n’a fait que reculer sa décision de grève de la faim prévue juste avant l’«Affaire C». Alors ? A suivre...

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EPILOGUE

Maguy a gagné contre C. (sauf pour les livres) comme elle avait gagné contre Milou (et contre le King ensuite) mais n'a toujours pas l'eau: contre l'Administration, c'est une autre affaire... Pouvoir ? Abus de pouvoir ? Lorsqu'une créance est enregistrée par le fisc, qu'elle soit réellement due ou non, peu importe, on peut bloquer votre compte bancaire et vous pourrir la vie durant des années sans que vous ne puissiez rien. Mais l'ordre de saisie vient de la Mairie


... le trésor public n'est qu'exécutant, en le cas, navré. Invitus invita. (Malgré lui malgré elle.)

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Ceci est le canevas modifiable d'une ou plusieurs histoires qui peuvent être soit policières, noires, burlesques romanesques, théâtrales, érotiques ou.... le tout à la fois... Qui va la faire, la graver ? Facile. La France "profonde". Un village en déshérence. Des notables. Des affaires. Des immigrés. Des gens à la recherche de "pouvoir," d'une pauvre respectabilité figurée, héros ou anti héros, dont tout est à nu d'eux comme il est inévitable dans un huis clos... Des "élites", des édiles, le peuple, qui se chevauchent et se valent parfois, dans le meilleur comme dans le pire : la petitesse sous la galéjade... Car il y a aussi le meilleur : tous ceux qui ont eu le courage d'attester de la propriété d'un local de Maguy contesté et qui ont glissé sous sa porte des mots parfois littéraires parfois malhabiles. A vos/nos plumes, pinceaux, caméras, ciseau ou ordi...


Solstice d'hiver, de Robin, pour finir sur une note gaie... Et si vous avez tout lu, il y a aussi un blog érotique à ce sujet, accessible seulement à quelques happy few en récompense de leur peine.